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Parlez-vous plateau ?.. Un peu de vocabulaire (Part. 2 : de K à Z)

Et voici enfin l’article que vous attendiez, fébriles, depuis plus de 6 mois (voire plus, mais passé un certain délai c’est indécent de parler date)… Il aura fallu les bonnes résolutions de début d’année pour le voir enfin publié…

Depuis que vous avez lu la première partie de notre leçon de vocabulaire, vous avez pu briller en parlant de combo, de deckbuilding et des jeux de guessing, l’air assuré et le sourire aux lèvres. Mais ça s’est compliqué dès qu’on vous a parlé de Spiel et de Kingmaking… Et oui, comment dire que vous n’aviez eu accès qu’au vocabulaire de A à J… Enfin voilà, tout ça va bientôt être réparé et vous serez le héros des soirées ludiques. Grâce à la deuxième partie du vocabulaire ludique qui s’étend de Kubenbois à Win to win. Bonne lecture !

 

Kubenbois

Généralement je range les kubenbois dans un sachet à part, ça évite qu’ils s’éparpillent dans la boîte.

Il s’agit là d’un néologisme ludique pour dire en un seul mot ce que la plupart des gens diraient en trois : « Cube en bois ». Mais le kubenbois a ceci de particulier qu’il ne désigne pas n’importe quel cube en bois mais uniquement un cube monochrome de 8 mm de côté (sont aussi acceptés dans cette définition ceux de 1 cm de côté, plus rares cependant) en bois de hêtre qui va représenter, selon les jeux, de l’or, du bois, de la pierre, du verre, des tissus, de la nourriture, des épices, des gangsters, des nobles, du pigment de couleur, des cochons, de l’uranium, des larves de fourmi, des villages, des rails, des maladies infectieuses, des mines… Vous l’aurez compris, la liste est quasi infinie et n’est limitée que par l’imagination de l’éditeur. Cette forme générique est facile à produire et peu coûteuse ce qui explique qu’on la retrouve dans beaucoup de jeux, assez en tout cas pour qu’on invente un terme pour désigner cet objet récurent d’une boîte à l’autre.

  • Note pour briller en société ludophile :

Par extension, lorsqu’on parle d’un jeu de Kubenbois on fait référence à un jeu à l’allemande (car c’est souvent dans ce type de jeu qu’on retrouve ce petit cube impersonnel), mais dans ce cas, il n’y aura pas nécessairement de cube en bois dans la boîte de jeu… il pourra s’agir de petits jetons, de meeple (Cf. définition plus bas) ou de pièces en bois de formes variées le terme kubenbois désignant plus un mode de jeu que l’objet en lui-même.

 

Kingmaker

La dernière fois que j’ai joué à ce jeu,  j’ai gagné grâce à un kingmaker.

Ce terme d’origine anglaise tire son origine du Comte Richard Neville surnommé « Warwick the Kingmaker » qui s’illustra pendant la Guerre des Deux-Roses en Angleterre (petit point pub au passage : La guerre des deux roses est un excellent jeu à deux qui mériterait d’être réédité) et désigne une personne qui use de son influence (financière, militaire, politique, religieuse..) afin de provoquer l’accession au pouvoir d’une autre personne. Appliqué au domaine ludique, le kingmaker est celui qui (soit par pur altruisme- ce qui est assez rare-, soit parce qu’il sait qu’il ne peut pas gagner la partie) permet à un autre joueur d’emporter la victoire. Lorsqu’on parle d’un jeu de kingmaking, il s’agira donc de jeux où les actions des joueurs conditionnent de beaucoup la victoire, où chaque action favorise un adversaire plutôt qu’un autre. Généralement la personne qui se retrouve en position de Kingmaker va désavantager le joueur le plus avancé dans le score pour qu’il reste du challenge, et perdre avec le moins d’écart possible, mais rien ne l’y oblige… Et c’est justement là qu’on obtient l’effet pervers du kingmaking, alors qu’un joueur avait tout pour gagner, le kingmaker qui sait qu’il n’a plus aucune chance va tout faire pour inverser la tendance, au détriment de sa position dans le jeu et ainsi fausser la victoire.

  • Note pour briller en société ludophile :
Inutile de vous dire que ce genre de comportement – à moins qu’on en soit l’heureux bénéficiaire – est plutôt mal vu dans le domaine ludique, quoi que je doute qu’il soit bien vu dans quel que domaine que ce soit… Et si ce comportement passe encore dans le cas d’une partie amicale, ou des couples peuvent ainsi s’entraider, il devient clairement problématique lors de tournois… Surtout si un joueur décide d’offrir la victoire en échange d’un avantage autre quelconque. Mais pas le choix il faut faire avec l’opportunisme de chacun. On retrouve les mêmes travers dans la vie et dans le monde du jeu. Heureusement ces comportements sont tout de même assez rares, contrairement à Sir Warwick the Kingmaker, nous sommes ici pour jouer.

Meeple

Si tu ne me laisses pas jouer avec les meeples rouges, je boude et je joue pas… (Phrase véridique entendu sur le terrain… Mais on vous dira pas qui, ça risquerait de créer une mauvaise ambiance.)

Forme aboutie du Kubenbois (Cf. définition précédente) le meeple est un pion (le plus souvent de couleur rouge, jaune, bleue, noire ou verte ) représentant sommairement une forme humaine. Ce néologisme ludique vient de la contraction de deux mots anglais : « my » et « people ». Un meeple signifie donc « mon gens/ mon personnage » et pourrait aussi se traduire par « mon précieux »… Car ces petits marqueurs sont le plus souvent liés à leur propriétaire qui va les manipuler et les envoyer travailler sur le plateau de jeu, avec le but avoué de parvenir à la victoire.

  • Note pour briller en société ludophile :

Il existe aussi des meeples personnalisés, de forme plus ou moins abouties et reconnaissables, conçus spécialement pour un jeu afin de rendre celui-ci plus immersif. Ces meeples peuvent être créés en série par l’éditeur du jeu, ou réalisés en édition limitée par des fans. Quand on aime, on ne compte pas !

 

Meca

J’adore la méca de ce jeu, elle est innovante et fluide.
Bon bien sûr, ici, nulle question de robot (et d’ailleurs dans ce contexte là, on écrira plutôt mécha) mais bien évidement de l’abréviation de « mécanique »… Un terme assez difficile à définir en jeu de société. Pour faire simple disons qu’une méca dans le monde ludique c’est ce qui fait tourner le jeu indépendamment des conditions de victoire ; c’est ce qui permet au jeu de ne pas être juste un simple assemblage d’éléments. Une mécanique de jeu, c’est la façon dont les différents éléments du jeu interagissent entre-eux… Plus d’une cinquantaine de mécaniques différentes ont été répertoriées sur les sites de jeux : le coop’, le hasard, le deckbuilding, la pioche, la pose d’ouvrier, la rapidité, le bluff, le guessing, la pichenette, la construction, l’affrontement asymétrique, les enchères… un article ne suffirait pas à toutes les citer surtout qu’avec la course à l’originalité qui existe désormais dans la création de jeux de société, de nouvelles méca apparaissent (avec plus ou moins de réussite) régulièrement et le plus souvent, une mécanique sera issue du mélange de plusieurs autres méca. Toujours est-il, que le joueur de plateau régulier aura toujours un regard critique sur la méca du jeu, la jugeant tour à tour « classique », « répétitive », « instinctive », « novatrice » ou « sans saveur »…
  • Note pour briller en société ludophile :

Sachons reconnaître ses limites, pour briller en société ludophile sur les questions des mécaniques de jeux  je vous invite à quitter le blog de la boite à chimère et à lire la série d’excellents articles sur « la mécanique du jeu » de Grovast sur Ludovox qui explore, exemples de jeux à l’appui, de façon très complète des mécaniques connues et reconnues.

 

Party-game

Ça vous tente un petit party-game pour commencer/terminer la soirée ?

Ce terme-là, une fois n’est pas coutume, nous vient des jeux vidéos. Son apparition a permis aux concepteurs de consoles de vendre plus de manettes puisque contrairement à la plupart des jeux en mode solo ou duo le party-game s’adresse à un nombre de joueurs important sur des concepts de jeux drôles, rapides et simples à la portée de toute la famille.

Par extension, dans le monde du jeu de société, cela désigne  la même chose mais sans écran et sans manette. Un jeu vite installé, vite expliqué, aussi appelé jeux d’apéros ou jeux d’ambiance, ils sont idéals pour se détendre, rigoler, dire des bêtises et initier le grand public à notre loisir favori. Il est souvent opposé au jeu expert, un jeu avec beaucoup de règles, beaucoup de réflexion et pas ou peu de hasard.

  • Note pour briller en société ludophile :
Evitez de dire que vous êtes un grand amateur de party-game quand on vous parle de Solenia ou de Great Western vous risqueriez d’attirer des regards surpris voir dédaigneux… En revanche si on vous parle du jeu Oliv’et Tom ou de Kitchen Rush c’est l’occasion : Foncez ! (Et si vous ne connaissez pas ces jeux, foncez lire les articles des copains…)

Pledge

T’as pledger le dernier KS ?
Bon j’avoue, j’aurais dû faire deux rubriques, voire 3,  pour ce terme mais j’avais la flemme… Surtout que, oui, je l’avoue, je n’ai jamais rien pledgé ! Enfin, pour me faire pardonner, je vais essayer de vous expliquer KS, Crowfunding et pledgeur en un seul coup… Mais je suis sûr que vous allez vous en sortir. J’ai foi en vous. Kickstarter (ou KS, en version abrégée) est un site internet dont la mission est d’aider à réaliser des projets créatifs divers et variés et dont le modèle économique repose sur ce qu’on appelle le « financement participatif » (ou crowdfunding en anglais). Ce n’est pas le seul site de financement participatif, mais ce dernier a rapidement su s’imposer dans le monde du jeu de société en finançant des jeux qui ont marqué l’histoire du crowfunding ludique tel que Conan, 7th Continent ou encore Exploding Kitten. Bref, je m’égare… Maintenant que le contexte est posé, revenons à notre terme principal le pledge. Vous le savez peut-être déjà mais “Pledge” en anglais signifie « promesse », donc en d’autres termes, le pledgeur est celui qui promet qu’il va participer à un projet de crowdfunding. On dit qu’il pledge. Et oui, c’est bête comme chou, mais le pledgeur pledge. En pledgeant, le pledgeur soutient un projet sur KS (ou sur un autre site) et s’engage donc à payer dans le cas ou le projet aboutit; dans le monde ludique, le projet est dans 90% des cas, l’édition d’un jeu. C’est clair ?
  • Note pour briller en société ludophile :

Pledger c’est un peu participer à la sortie d’un jeu, et si vous êtes séduit par un projet, vous prendrez du plaisir non seulement à le pledger mais aussi à relayer l’information et suivre son évolution pour enfin un jour  recevoir un colis que vous pourrez enfin dépuncher avec passion. Mais méfiez vous, cet univers peut aussi être vite envahissant et vous pourrez assez vite vous épuiser en temps, en argent et en énergie pour des projets qui  n’en valent peut être pas la peine. N’hésitez pas à vous faire accompagner pour vos premiers pas dans le jungle du KS, cela vous évitera quelques déceptions, et des frais de port déraisonnables.

Print n’ Play

Ça te dit d’essayer ce jeu, j’ai le print n’play avec moi.
Dans le monde du jeu de société,  il existe des jeux édités sous forme d’une belle boîte pleine de meeples* et de kubenbois*  (et, si on a de la chance avec un beau thermo**)  que l’on peut trouver chez son revendeur ludique préféré mais il existe également des jeux librement mis à disposition sur la toile. Ce sont les Print ‘n Play, ou Print and Play, ou encore PnP (en langage écrit). Les anglophones auront sans doute compris la signification de ces 3 mots pour les autres sachez que ça se traduit tout simplement par « Imprime et Joue ! « . Ceci expliqué, le principe du print n’ play est simple, il suffit de télécharger les fichiers, de les imprimer et de se fabriquer soi-même le jeu à partir du matériel imprimé et de ciseaux (parfois aussi, un peu de colle et de patience)… Souvent à but promotionnel, ils permettent aussi à de petits auteurs de se faire connaître.
*voir définitions ci-dessus
**voir définition ci-dessous
  • Note pour briller en société ludophile :

Soyez à l’affût des prints n’play pour découvrir les jeux avant tout le monde ou pour jouer à moindre frais mais ne vous étonnez pas si personne ne joue avec vous, les joueurs, débutants comme confirmés, aiment le beau matériel, bien édité, et un tas de feuilles imprimées en noir et blanc les rebutent souvent.

Proto

J’ai fais tester mon proto à quelques amis, ils ont adoré/détesté. (rayez la mention inutile)

On vous rassure, rien à voir avec le protoxyde d’azote, le proto ludique – bien que certains y soient accroc – n’est pas dangereux pour la santé puisqu’il s’agit d’un prototype. Autrement dit, un proto est une version de travail d’un jeu de société en cours de création. Il permet aux auteurs de présenter leur jeu à d’autres personnes (joueurs, éditeurs…) qui peuvent ainsi l’essayer et exprimer leur opinion à propos de leur ressenti ludique et obtenir des suggestions et des avis qui leur permettront de faire évoluer leur travail. On parle de proto plus ou moins abouti suivant leur stade de développement, certains ressemblant déjà à des jeux « édités » tant par le travail abouti des règles que par le rendu graphique et matériel, d’autres ne quittent jamais le stade expérimental.

  • Note pour briller en société ludophile :

De plus en plus, lors de festivals il est possible pour le grand public de tester des protos non édités et de donner leur avis. Parmi les plus célèbres, on citera le ProtoLab du FIJ de Cannes  et son « Off ») et les Jeux de Demain de Paris est Ludique.

 

Spiel

Ce jeu mérite le Spiel, c’est indéniable.

C’est assez rare pour qu’on le précise, pour une fois, ce mot de vocabulaire ludique ne vient pas de l’anglais mais de l’allemand. Il faut dire que les allemands ont tout de même eu leur influence certaine dans le monde du jeu de société (Cf. Jeu à l’allemande Vs Jeu à l’américaine) et d’ailleurs que veut dire Spiel en allemand ? Je vous le donne en 1000, et bien, ça veut dire Jeu tout simplement… Heuuu, mais du coup si je me réfère à la phrase d’exemple, un jeu qui mérite le jeu, ça veut rien dire, me direz-vous… Mais ça c’est uniquement parce que Spiel est la version abrégée de Spiel des jahres qui veut dire jeu de l’année, certes, mais qui est aussi, et surtout, le prix le plus prestigieux que l’on peut décerner à un jeu de société. Le prix, créé en 1978, est décerné par un jury composé de journalistes spécialisés qui notent les jeux allemands ou étrangers édités en Allemagne. La renommée de ce prix est telle qu’une nomination au Spiel des Jahres peut augmenter les ventes d’un jeu de + de 100% ; le gagnant peut généralement s’attendre à vendre entre 300 000 à 500 000 exemplaires. Autant vous dire que quand on parle d’un Spiel, on parle d’un jeu qui pèse déjà lourd dans le monde du jeu de société.

  • Note pour briller en société ludophile :

Les trois derniers jeux à avoir remporté le Spiel de jahres sont Kindomino, Codename et Colt Express. Ça vous dit quelque chose ? Et bien c’est normal, ces jeux font désormais partie des plus connus, ce sont des Spiel !

Thermo

J’ai retiré le thermo de la boite, il ne servait à rien.

Thermo est l’abréviation de thermoformage : une technique qui consiste à prendre un matériau malléable en plaque, à le chauffer pour le ramollir, et une fois mou à le mettre en forme à l’aide d’un moule. Dans l’univers du jeu le thermoformage fait exclusivement référence à la partie en plastique que l’on trouve dans le fond de certaines boîtes de jeu et qui  permet de ranger toutes les pièces du dit jeu impeccablement grâce à de petits casiers adaptés. Trop grand, trop petit, pas adapté, pas optimisé, ne contient pas les extensions… Le thermo est très souvent « tout pourri » et une source de mécontentement perpétuel chez le joueur maniaque qui aime bien avoir de belles boîtes biens rangées.

  • Note pour briller en société ludophile :

Si le thermo est réussi, on ne s’en rend pas compte et on n’en parle pas ou peu… Le thermo c’est un truc qui ne sert à rien d’autre qu’à râler. Même si vous pouvez y faire brièvement allusion, inutile donc de vous extasier sur le beau thermo du dernier jeu que vous avez acheté, ça paraîtrait louche.

 

Win to win

Étant donné l’effet win to win, il était impossible que je revienne au score ; j’étais foutu dès le deuxième tour.

L’effet win to win c’est le cercle vertueux qui fait que plus on a de sous, plus on est riche ; plus on a de bonus, plus on gagne. Autrement dit, un joueur qui est en train de gagner lors d’une partie récupère des bonus/des avantages qui lui donneront encore plus de facilités à gagner par la suite. En bref, plus un joueur gagne plus il gagne, du coup, il devient de plus en plus difficile pour les autres joueurs de rattraper le score du joueur en tête et cela crée de la frustration auprès des autres joueurs qui voient la victoire s’envoler au fur et à mesure que le gagnant gagne.

  • Note pour briller en société ludophile :

Pour ou contre les jeux « Win to win » sera un éternel débat dans les communautés ludiques. Les avis divergent car certains joueurs préfèrent les jeux où il faut être attentifs dès le début et ne pas commettre d’impairs (pour bénéficier de l’effet win to win aussi longtemps que possible) tandis que d’autres préfèrent avoir la chance de se rattraper au cours du jeu, et ne pas miser sur une erreur du joueur en tête pour espérer l’emporter.

 

Ceci étant dit, y a t’il d’autres termes qui vous posent problèmes dans votre quotidien de joueur ? N’hésitez pas à demander. Muni de l’anonymat d’internet, vous pouvez tout demander en commentaire. Dans la mesure du possible, j’essaierai d’y répondre… Ce sont mes bonnes résolutions de 2019. Alors profitez-en… Plus que 6 mois devant vous ( ou plus, mais après c’est indécent de compter) !

 

 

Photos  et images. Tous droits réservés.

Kubenbois par © Martin Vidberg

Party Game par © Matagot

Montages photos et illustrations © 2019 — La Boite à Chimère

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