Dans les cieux de Solenia
Note préliminaire : dans cet article sur Solenia, je me suis permis d’extrapoler légèrement les éléments de jeu afin de faire coller mes explications au thème et à la mécanique.
Du mouvement des corps célestes
Depuis quelques siècles nous le savons : la Terre tourne autour du Soleil. Mais la Terre tourne également sur elle-même de telle sorte que toute la surface de la Terre (ou presque) puisse alternativement faire face au soleil ou au contraire ne pas y être exposée. Nous profitons quotidiennement des conséquences de ce ballet cosmique par l’alternance jour/nuit. Bon, d’accord, dans les zones polaires, c’est un peu plus compliqué, il y a le soleil de minuit, des nuits qui durent 6 mois, mais ne nous y attardons pas trop.
De son côté, la Lune tourne autour de la Terre. et elle tourne sur elle-même. Par contre, sa vitesse de rotation sur elle-même a été ajustée pour qu’elle présente toujours la même face à la Terre.
Sur la planète Solenia, c’est un peu comme pour la Lune et la Terre : c’est toujours le même côté qui est exposé à son soleil. Du coup forcément, sur la moitié de la planète, il fait tout le temps jour et sur l’autre moitié tout le temps nuit. Vous vous en doutez, ce n’est pas sans conséquence sur l’écosystème : côté jour, comme le soleil brille tout le temps, les plantes et les arbres s’épanouissent, par contre il n’y a pas d’eau (évaporation, toussa, toussa). Côté nuit, il ne pousse que des cailloux par contre il y a plein d’eau.
Votre mission, si vous l’acceptez, sera de récolter de l’eau et de la pierre côté nuit pour aller alimenter les villes côté jour et, histoire de ne pas faire le trajet retour à vide, vous récupèrerez du blé et du bois côté jour pour les déposer dans le villes situées côté nuit. Pour vous remercier de tant de bonté, les habitants de Solenia vous récompenseront à chaque livraison en vous décernant des étoiles en or. (En vrai, elles sont en cartons, mais chut, il ne faut pas leur dire !)
Vous allez donc embarquer à bord d’un aéronef personnel et parcourir les cieux de Solenia. Cet aéronef est équipé d’une soute pouvant contenir 8 marchandises et de petites navettes chargées de récupérer et livrer les marchandises. Lorsque c’est votre tour de jouer, vous allez envoyer une de vos navettes vers un site de production ou vers une cité disponible de Solenia. Se rendre sur un site de production permet de récupérer la marchandise produite, se rendre sur une cité permet de livrer des marchandises. Des tuiles « livraison » indiquent les denrées recherchées par les cités et la récompense obtenue lors de la livraison. Il y a des tuiles « livraison » pour les cités côté jour et des cités côté nuit. Selon le nombre de joueurs, il y a 3 ou 4 tuiles livraison révélées pour chaque côté. Cerise sur le plateau, les pions des ressources ont la forme de la ressource qu’ils représentent : un tronc d’arbre pour le bois, une goutte d’eau pour l’eau…
De la représentation de Solenia et des engins volants
En terme de jeu, l’aéronef de chaque joueur est représenté par un plateau individuel. Les petites navettes apparaissent sous la forme d’un paquet de 16 cartes ; chaque joueur ayant le sien.
Tous les astronefs des joueurs vont se déplacer en convoi symbolisé par un aéronef géant sur le plateau. C’est le gros aéronef jaune que l’on voit sur les photos.
La planète Solenia est représentée par un plateau composé de bandelettes. Chaque bandelette est constituée de 5 emplacements de cités et/ou site de production. Ces bandelettes sont imprimées recto-verso, une face présentant des emplacements côté « jour », l’autre côté « nuit ». Au début du jeu, le gros aéronef jaune émerge de la nuit et se dirige vers le côté jour de Solenia.
Du mouvement des engins volants
En début de partie, les joueurs commencent avec 3 cartes en main. Lorsque c’est votre tour de jouer, c’est très simple : il vous suffit d’envoyer une navette sur un site de Solenia qui n’en contient pas déjà une. Dis autrement, vous allez poser une de vos 3 cartes en main sur un emplacement libre du plateau. La petite subtilité réside dans le choix de la navette à expédier et dans celui de sa destination.
En premier, il faut savoir que les navettes ont une autonomie limitée, ce qui fait qu’une carte navette ne peut être posée que sur un emplacement libre soit adjacent à l’aéronef jaune, soit adjacent à un emplacement contenant une de ses propres navettes. Heureusement, il existe une possibilité de poser sa navette plus loin, mais cela a un coût : il faudra dépenser une ressource par emplacement au-delà de la portée prévue.
Vous imaginez bien que des joueurs mesquins ne se gêneront pas pour mettre à profit cette contrainte de placement pour embêter leurs petits camarades de jeu.
La deuxième chose à savoir est que toutes les navettes n’ont pas les mêmes capacités. Voyons quelques exemples concrets.
Les indications placées en haut de la carte servent lorsque la navette arrive sur site ; celles placées en bas, entre les 2 manettes de contrôle, servent lorsque la navette repart. Ainsi un nombre en haut indique la quantité de ressources (bois, pierre, eau ou blé) ou d’étoiles en or récoltés lorsque la carte est posée sur un emplacement. Pour savoir ce qui est récolté, c’est très simple : il suffit de regarder par le hublot de la navette (le trou au centre de la carte) pour voir apparaître la ressource ou une étoile. Si la navette se pose sur une cité, alors elle doit livrer les marchandises demandées par une des tuiles livraison révélées. Le joueur récupère alors la tuile livraison correspondante et la met dans l’emplacement prévu à cet effet sur son plateau. On notera qu’il y a des emplacements pour les livraisons de jour et d’autres pour celles de nuit. Bien sûr, une nouvelle tuile livraison est révélée.
Si un aéronef jaune orné d’une flèche apparaît en haut de la carte, cela indique que le convoi avance. On déplace alors le pion de l’astronef jaune d’une case dans le sens de la marche.
Et là, attention, nous entrons dans le cœur du système : à la fin du tour, les navettes placées sur la bandelette située le plus à l’arrière de l’astronef jaune décollent. Chaque joueur récupère les éventuelles ressources ou étoiles associées. Les cartes des navettes sont placées dans la défausse de chaque joueur. Puis la bandelette est retirée. On la retourne alors sur sa face opposée (ex. : si elle était sur sa face « nuit », elle passe sur sa face « jour ») et on l’ajoute au plateau à l’avant de l’astronef jaune.
La partie se poursuit jusqu’à ce que chacun ait joué ses 16 cartes navettes. Il ne reste plus qu’à faire le décompte des étoiles en or récupérées grâce aux navettes et celles présentes sur les tuiles livraison gagnées. Chaque paire de ressources restante dans votre stock rapporte une étoile supplémentaire. Et enfin, on fait des paires de tuiles livraison jour/nuit ; avec 1 paire, vous gagnez 1 étoiles, avec 2 paires, 3 étoiles, avec 3 paires, 6 étoiles et avec 4 paires, 10 étoiles.
Solenia propose un mode avancé utilisant la seconde face des plateaux individuels et/ou des tuiles d’amélioration. Il existe également un mode de jeu en solitaire contre un joueur virtuel. Comme je n’ai pas pu tester ces 2 autres modes de jeu, je ne vous en dirai pas plus.
De ma conclusion
Ce jeu m’a séduit par son thème, la qualité de son matériel et de ses illustrations légèrement oniriques ; les sites et cités sont des lieux flottants dans les airs. Ses règles de base sont accessibles. Tout en restant simples dans le principe, les mécanismes de positionnement des navettes, de récupération de ressources et d’évolution du plateau offrent des choix intéressants et demandent d’anticiper un peu et de rester attentif à ce que chacun fait ; les ressources de chaque joueurs étant visibles, on peut estimer les ressources dont ils ont besoin et les tuiles « livraison » qui leur sont accessibles.
Parfois dans ce type de jeu, se pose la question de l’interaction entre les joueurs. Celle-ci se situe essentiellement :
- au niveau du positionnement des navettes : blocage, occupation d’un emplacement désiré par l’autre …
- de la récupération des tuiles « livraison » : il arrive souvent qu’un joueur chipe la tuile qu’un autre convoite
- dans la capacité de faire évoluer le plateau grâce aux pouvoirs de certaines navettes.
Solenia est un jeu de Sébastien Dujardin.
Les illustrations sont de Vincent Dutrait.
Il est édité par Pearl Games.
Il est prévu pour 1 à 4 joueurs.
Il est recommandé à partir de 10 ans.
La durée moyenne d’un partie est de 45 min.
Les images sont © Pearl Games