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AZUL – Cultivez votre jardin

Ah le Portugal, sa morue, ses pastéis de nata, le jardin de la reine Marie d’Aragon… Hein, quel jardin ? C’est qui cette reine ? Si vous l’ignorez c’est que vous n’avez pas encore joué à Azul le jardin de la Reine.

Un peu d’histoire

« Le Roi Manuel 1er a chargé les meilleurs jardiniers du Portugal d’aménager le jardin le plus somptueux pour sa femme, la reine Marie d’Aragon. »  Voilà, le thème est résumé en une phrase dans le livret de règles. En même temps, soyons honnête, on ne joue pas à Azul pour son thème mais pour sa mécanique.

Et il est beau son jardin à la Reine ?

On souligne souvent l’esthétique réussie du 1er Azul. Que vaut le jardin ?

Les goûts et les couleurs… Personnellement, je suis un peu déçu par la qualité visuelle du jardin :

Les plateaux de jeu font l’épaisseur d’un brin d’herbe, à tel point qu’on a peur de les abimer.

Les tuiles en bakélite et leurs motifs sont fades comme une fleur fanée.

Le choix des couleurs est aussi un peu surprenant : ok pour la dominante verte du jardin mais pourquoi avoir choisi des couleurs qui se ressemblent ? Mauve/mauve foncé et vert clair/foncé par exemple. Pas sûr que le jardin de la Reine soit le plus magnifique des jardins. Les jardiniers du roi auraient pu aller faire un stage à Villandry.


© Jardins de Villandry

Alors si le jardin n’est pas le plus magnifique, qu’en est-il de son agencement ?

Amateur de la mécanique d’Azul, vous risquez d’être surpris ! Si on retrouve l’essence du jeu : prise de tuiles, stockage et pose, tout est repensé.

La prise de tuiles/agrandissement : vous aurez le choix entre prendre des tuiles et agrandissement de même couleur ou de même motif. Comme dans les autres Azul, vous devez tout prendre même si cela ne vous arrange pas.

Le stockage : on peut désormais stocker des tuiles et 2 agrandissements. Ces derniers servent à étendre votre jardin sur votre plateau de jeu. À vous de gérer votre stock à votre guise mais quand la réserve est pleine, on ne peut plus rien prendre.

La pose de tuile/agrandissement : chaque motif présent sur une tuile ou un agrandissement a un coût/gain spécifique. Exemple : un motif à 6 branches coûte 6 pour le poser mais rapporte 6 points à la fin. Simple, non ? Oui, sauf qu’il y a des contraintes supplémentaires : pour être posée, une tuile doit avoir un point commun avec une tuile déjà présente dans le jardin (soit par sa couleur, soit par son motif mais pas les 2 en même temps. Il faut que les massifs de fleurs soient harmonieux. Si ce n’est pas le cas, il y a toujours la possibilité de poser une tuile isolément. Le jeu devient un vrai jeu de placement.

Le tour de jeu : à votre tour, il vous faudra choisir entre prendre des tuiles ou les poser ! Le tempo du jeu s’en trouve donc changé car il faut gérer son stock alors qu’on aurait envie de prendre des tuiles. Cela apporte un dilemme savoureux.

L’apparition des tuiles sur les fabriques : les tuiles sont révélées au fur et à mesure des tours des joueurs. Impossible donc de tout prévoir à l’avance.

La durée de jeu : le jeu dure 4 manches mais il faudra attendre que tout le monde passe pour passer à la manche suivante. Chacun joue donc à son rythme, vous pouvez avoir terminé votre tour quand les autres ont encore des tuiles à prendre ou à poser. La partie s’en trouve donc plus longue. À 2 joueurs, je n’ai jamais mis moins d’une heure de jeu. Gare donc à l’analysis paralysis si vous jouez à 3 ou 4.

Le scoring : Pour que les tuiles scorent, il faut qu’elles soient présentes dans un groupe de 3 couleurs/motifs identiques minimum. De plus chaque tuile/agrandissement non posé sera comptabilisé comme point négatif. Il faut donc bien réfléchir lors de la prise et la pose des tuiles. Le jeu devient un vrai casse-tête, certes plus complexe que les autres de la gamme mais très plaisant.

Verdict :

Pourtant adepte de jeux au thème fort, je suis un fan d’Azul et ce dernier opus ne déroge pas à la règle. Là où dans les précédents Azul, nous étions des maitres d’œuvre qui suivaient les plans d’un architecte, nous sommes ici les architectes paysagistes ! On a vraiment la sensation de créer le jardin à notre guise et on le voit s’agrandir sous nos yeux. Cette liberté est totalement paradoxale car les contraintes sont nombreuses et donnent quelques nœuds au cerveau.

Michaël Kiesling réussit le tour de force de garder l’esprit du jeu en changeant quasiment tout. Le jeu est plus casse-tête, plus long, plus libre, hélas plus laid. Mais il ravira les fans de la gamme car il offre une nouvelle expérience qui ne fait pas doublon/triplon/tétraplon (oui j’invente des mots). Chaque Azul a sa mécanique, ses particularités qui font qu’on les sortira tous en fonction des joueurs et de nos envies.

Durée de partie : 1h à 2 joueurs.

Nombre de parties jouées : 5

Config. idéale : 2 joueurs

Auteur : Michaël Kiesling

Editeur : Next Move

 

 

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