Le FIJ 2017, l’année « plus »
Il n’aura échappé à personne que le Festival International des Jeux de Cannes 2017 s’est déroulé il y a peu. Les chimériens ont débarqué en force dans ce haut lieu des manifestations ludiques afin de découvrir les nouveautés du moment et les projets plus ou moins avancés qui sortiront dans le courant de l’année. Étant donné la masse de jeux essayés, on ne va pas faire un catalogue de nos coups de cœur, vous pourrez retrouver les « sardines » écrites par les uns et les autres sur leurs retours de Cannes, sans compter des articles plus complets spécialement consacrés aux sorties 2017 pour lesquelles nous avons eu des coups de foudre. Aujourd’hui, c’est le moment du bilan d’un festival « plus ».
Plus d’espace à jouer
Avec plus de 100 000 visiteurs sur trois jours, le FIJ de Cannes confirme sa place de plus gros évènement ludique francophone. Oui, plus de 100 000 joueurs se baladant à travers les allées du Palais des Festivals, ça pourrait faire peur, et pourtant l’impression générale était de vivre un évènement plus aéré, plus d’une fois on a pu entendre des commentaires du genre « y a moins de monde que l’année dernière, non ? ». Eh bé non, car si les chiffres de fréquentation restent stables, la place consacrée au festival s’est agrandie de près de 3 000 m² ! Ainsi, l’espace « Enfants/familles » a quasiment doublé, permettant aux éditeurs mixtes de répartir leurs tables entre les deux espaces et de mieux cibler leurs jeux selon les publics. Il était par exemple plus facile pour le gamer de découvrir la nouvelle gamme d’Haba plus portée sur la famille, ou pour Blue Orange de présenter ses jeux Experts comme Vikings on board dans l’espace « Tout public » et ses créations pour enfants du type Dr Eureka.
On peut aussi noter que l’organisation du festival a réussi à résoudre (en partie) le problème des longues files d’attente posé l’année dernière du fait de l’augmentation drastique des règles de sécurité des entrées. Le Palais des Festivals étant un des hauts lieux culturels mondiaux, et par conséquent une cible extrêmement sensible en matière de terrorisme, y faire entrer 100 000 personnes en trois jours n’est pas une mince affaire.
Pris de court l’année dernière, les services de sécurité avaient été largement débordés, générant de longues files d’attente à l’extérieur sous une mauvaise pluie. Cette année, le soleil était au rendez-vous, mais surtout la sécurité était organisée pour permettre l’arrivée des visiteurs par deux entrées distinctes. Même si pénétrer au sein du festival nécessitait toujours un moment d’attente, la durée semblait sensiblement moins longue que l’année dernière.
Un axe plus professionnel
Même si le FIJ est depuis de longues années un festival très professionnel au niveau de son organisation, la manifestation était jusqu’à présent essentiellement consacrée au public. Nouveauté cette année : le festival a décidé de suivre la tendance du secteur qui s’organise de plus en plus. Ainsi les 4 jours du FIJ ont accueilli l’assemblée générale de l’Union des Éditeurs de Jeux de société (UEJ) et celle du Groupement des Boutiques Ludiques, la nouvelle Association Nationale des Auteurs de Jeux de Société a organisé son assemblée constitutive pendant le festival, et le réseau des cafés ludiques s’est lui aussi réuni.
Autre nouveauté : le festival s’est délibérément tourné vers les auteurs débutants afin de leur proposer une meilleure visibilité, mais aussi des conseils pour bien démarrer dans la profession. Dans le cadre du Proto Lab, une soixantaine d’auteurs débutants ont ainsi pu voir leurs prototypes mis en avant sous plusieurs formes : d’abord un espace dédié au sein du festival, afin de faciliter la découverte par le public, des tables réservées aux soirées du « off », mais surtout l’organisation de speed dating auteurs/éditeurs. Mais attention, ne présente pas son prototype qui veut ! Afin de s’assurer de la qualité des prototypes présentés, un comité présidé par Martin Vidberg (par ailleurs ancien juré des As d’Or) avait sélectionné une vingtaine d’auteurs débutants, auxquels s’ajoutaient les prototypes les plus appréciés par 13 autres manifestations ludiques internationales (Paris est Ludique, le Brussels Game Festival, le Centre National du Jeu, le FLIP de Parthenay, le Colonel Moutarde de Montréal, etc.). Bref, en faisant un tour du côté du Proto Lab, on pouvait être assuré de découvrir les potentielles perles de demain. Si on ajoute à cela que les heureux élus ont pu bénéficier de plusieurs conférences, dont une conférence consacrée à la protection des droits d’auteurs, on peut imaginer que leur déplacement à Cannes méritait le détour.
Puisque nous évoquions précédemment les soirées du « off », on peut souligner que cette année les soirées très prisées permettant de jouer une bonne partie de la nuit ont elles aussi bénéficié d’une journée de plus. Alors que le festival n’ouvre ses portes au public que le vendredi midi (hormis les tournois des jeux traditionnels comme les échecs, dames, Scrabble… organisés dès le début de semaine), les nuits du « off » ont débuté dès le mercredi soir. Une fois de plus, cette animation a été victime de son succès : était-ce le regroupement de nombreuses tables et la présence d’un public toujours très nombreux, toujours est-il qu’on avait l’impression que la salle attribuée était cruellement trop petite et bruyante pour une telle foule. Là encore, cela reste le gros challenge de l’organisation pour les prochaines années.
Des As d’Or qui ont généré plus de commentaires (si c’est possible)
Dans un précédent article, nous avions fait nos pronostics pour l’As d’Or « jeu de l’année » et la catégorie « Expert ». Le résultat est amusant puisqu’il correspond aux deux scénarios imaginés. En récompensant Scythe comme jeu Expert, les membres du jury ont souligné une évidence : des trois titres sélectionnés, le jeu lancé en kickstarter et repris aujourd’hui par Matagot est clairement celui qui a reçu le plus d’éloges des amateurs de gros cubes et de stratégies.
L’As d’Or remis à Unlock! est, lui, une surprise sans vraiment l’être. Beaucoup de commentateurs s’attendaient en effet à voir Codenames récompensé par le prix français, comme il l’avait été par le Spiel des Jahres. En même temps, on peut difficilement contester l’aspect novateur du concept imaginé par Cyril Demaegd. Associer jeu de société et escape room, deux formes ludiques en pleine explosion, représente une gageure qui mérite d’être relevée. N’ayant pas pu tester le jeu dans sa version complète, l’auteur de ces lignes va donc s’arrêter là…
Mais au fait, combien des contempteurs du palmarès 2017 ont joué à Unlock! ? Vu le nombre de commentaires haineux qui se sont déversés sur la toile dans les heures qui ont suivi la cérémonie, on peut imaginer que la dernière sortie des Space Cowboys a vu exploser ses chiffres de vente. Sinon, comment voudriez-vous que les gens aient un avis aussi tranché sans y avoir joué ?
Quant à Kikou le coucou, As d’Or de la catégorie Enfant, le jury semble avoir privilégié un jeu d’adresse plutôt que de stratégie.
On ne peut parler des As d’Or sans évoquer la remise des prix, toujours aussi sympathique et chaleureuse, présentée par le duo Monsieur Phal / Marcus et son fameux « Bonjour les petits amis » qui donne un ton surréaliste à l’évènement.
Outre la bonne ambiance générale, on peut noter deux moments forts avec la présence sur scène des auteurs de Kikou le Coucou, ainsi que de l’ensemble de l’équipe japonaise d’Imagine. Les visages rayonnants, et les discours très émouvants de ces créateurs, visiblement touchés d’avoir été sélectionnés, ont apporté un très beau témoignage de l’importance que prend, un peu plus chaque année, l’As d’Or dans le secteur ludique international.
Plus d’articles de la Boite à Chimère
On vous a parlé de l’organisation, des nouveautés du festival, des As d’Or… mais quels sont les jeux que nous avons découverts ? La liste est longue, très longue, incroyablement longue ! Imaginez une demi-douzaine de joueurs assoiffés de pions, dés, meeples, cartes, figurines, lâchés sur 3 000 m² de nouveautés et prototypes, trois jours durant et avec quelques heures de sommeil pour seule pause.
Du coup, plutôt que de vous lister tous les jeux découverts et appréciés, chacun va s’y mettre sous des formes diverses et variées : sardines et gros articles vont se succéder dans les jours et semaines qui viennent, pour vous présenter leurs coups de cœur.
Et comme on n’est pas chien, on vous les récapitule ici-même :
- Le retour du FIJ 2017 par Blacksad
- On s’est croisé sur la Croisette ?
- Proto-Lab : présentation de Major
- Stellium
- Vivement le FIJ 2018 !
- Et pendant ce temps sur le stand Ankama – FIJ 2017
- 75 Gnom’Street, eh oh, eh oh, quand on joue du plateau