La Boite à sardines

Big Monster, big plaisir !

Il y a un temps pas si lointain, dès qu’on parlait de Kickstarter ludiques francophones, il s’agissait de gros jeux coûtant un bras et avec pléthore d’éléments en plastique. On voit aujourd’hui de nouveaux projets se lancer, moins chers et qu’on se serait plutôt attendu à découvrir en boutique. Mais le secteur change et les nouveaux éditeurs utilisent les plateformes participatives pour lancer leurs dernières nouveautés. Après Muséum dont je vous ai parlé il y a peu, voici Big Monster pour lequel je viens d’avoir un coup de cœur.

Dans Big Monster, vous incarnez un explorateur interplanétaire chassant les monstres peuplant une mystérieuse planète. Du côté explorateurs, vous pouvez être 2, 3… jusqu’à 6 chasseurs ! Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette variation assez importante du nombre de joueurs n’est pas un effet d’annonce comme on en a trop connu. En fait, Dimitri Perrier – l’auteur – et ses acolytes ont imaginé trois modes pour le même jeu : une version duel, un mode de 3 à 6 joueurs en compétitif et un mode en équipes pour 4 ou 6. Et tout ça pour le même prix ma bonne dame ! Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer le mode duel, mais je peux témoigner que la mécanique fonctionne parfaitement dans les modes compétitifs et par équipe. Simplement le jeu est un poil plus vicieux pour le mode en équipe. Attendez que je vous explique…

Oh les monstres jolis !

Quel que soit le mode choisi, le principe de base de Big Monster est le même : il s’agit de « collectionner » des monstres qui vous rapporterons un nombre de points dépendant de leur famille. Petit exemple de la galerie des trophées monstrueux :

– Le Big Monster qui a donné son nom au jeu. Il est imposant, et c’est le seul qui demande deux pièces pour le compléter. La tête seule ou sa partie postérieure ne rapportent qu’un seul point. Mais les deux réunis, bim 11 points !

– Les monstres de glace. Il en existe plusieurs catégories. L’animal de base peut ne rapporter que quelques points. Par contre, si vous arrivez à le faire évoluer à l’aide des étranges bestioles transmutateurs, votre monstre va monter d’un, voire de deux niveaux, et ainsi devenir nettement plus intéressant.

– Les grenouilles de l’espace. Chacune rapporte deux points par grenouille que vous possédez. Et il n’en existe que 5 exemplaires. Les matheux de base auront vite compris l’avantage : une grenouille toute seule ne rapporte que 2 malheureux points, par contre si vous arrivez à en chopper 3 chacune vaut 6 points, et si vous attrapez les 5 exemplaires bonjour les 50 points pour l’ensemble (c’est énôôôrme) !

Je ne vais pas m’appesantir sur les différentes familles de monstres, ni des pouvoirs personnels de chaque joueur, je vous laisse la surprise. Sachez seulement que, en plus de leur valeur, certaines races vont vous permettre de compléter des cristaux, eux aussi générateurs de points, ou tout simplement de remplir des objectifs dont les récompenses sont devinez quoi ? Oui vous avez trouvé !*

Un dernier petit tour de vice ?

J’entends déjà quelques fâcheux grogner « oui bon, c’est un jeu de collection, quoi… elle est où l’originalité ?! ». Ils sont non seulemement fâcheux mais aussi impatients car il ne m’ont pas laissé le temps d’expliquer la mécanique : en début de partie, lors de la première manche, chaque joueur reçoit une pioche de 10 tuiles qu’il pose sur sa carte vaisseau.  A partir de là, attention ça va vite…

Le jeu se joue en simultané : à chaque tour vous prenez les tuiles posées sur votre vaisseau et choisissez d’en conserver une, puis vous donnez le reste de votre paquet au joueur de votre choix ! Oui, vous avez bien lu, il s’agit d’un draft alternatif : plutôt que du traditionnel passage à ses voisins de droite ou de gauche, vous devez donner vos tuiles restantes à n’importe quel joueur (sauf vous !) dont le vaisseau n’est pas encore occupé.

Une fois la tuile choisie, chacun commence à construire sa petite collection et il faut être très attentif aux stratégies des uns et des autres. C’est là tout le sel du jeu, en équipe vous allez tenter de passer à votre voisin des cartes qui l’intéressent, ou bien, quel que soit le mode, tenter de refourguer votre paquet à un adversaire qui n’en aura que faire. C’est là où il faut avoir le bon sens du timing : en plus de l’optimisation de sa collection, entre en jeu la notion de rapidité pour choisir le destinataire de votre paquet, voire même empêcher vos adversaires de s’entraider en leur bloquant leurs vaisseaux.
Quand les 9 premières tuiles ont été posées chaque joueur défausse la dernière tuile et la seconde manche débute avec une nouvelle série de 10 tuiles.

A la fin de la partie, chacun aura donc posé 18 tuiles devant lui et le comptage de points commence.
En mode compétitif, le principe est assez simple : le joueur qui a fait le plus gros score remporte la partie. C’est propre et net.
En mode par équipe c’est plus vicieux… car il était inutile de vous gaver de points en laissant votre partenaire se dépêtrer tout seul comme un malheureux : en effet c’est le plus petit score des deux coéquipiers qui est retenu comme score final de l’équipe ! Ainsi (et je l’ai vu) un joueur un peu trop égoïste s’est trouvé bien malin avec plus d’une centaine de points quand il a découvert que le score de son camarade – qu’il avait complètement zappé de toute la partie – était au ras des pâquerettes et servirait de score final pour l’équipe.

Aussi simples que peuvent paraître ces deux idées que sont le draft alternatif et le comptage minimaliste**, leur association dans un même jeu fait de celui-ci un réjouissant produit ludique, mêlant optimisation, rapidité et interaction. Et quand on y joue avec des partenaires un peu frapadingues comme moi, on peut le faire en poussant des grands cris ou en chantant… je crois que c’est à cause du stress.

Big Monster est un jeu de Dimitri Perrier
Les (superbes) illustrations sont de Ivan Nikulin
Le jeu se joue de 2 à 6 joueurs pour des parties de 20/25 minutes
Prix 30 € (frais de port réduits selon les commandes)
La campagne Kickstarter est ouverte du 23 avril au 16 mai 2018

 

*si vous n’avez pas deviné, changez de loisir et abandonnez tout espoir de devenir lauréat d’un Prix Nobel, même de Monopoly™.
** je donne des noms approximatifs à des mécaniques ludiques si je veux, na !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *