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Museum, le jeu qui épate la galerie

Je dois faire une confession : j’ai pledgé, sans y avoir joué, le kickstarter de Museum, le jeu d’Eric Dubus et Olivier Melison. Alors quand l’occasion s’est présentée de pouvoir enfin l’essayer au FIJ de Cannes, vous pensez bien que j’étais le premier (authentique !) présent sur le stand de Holly Grail. Attendez que je vous explique…

Nous avons tous nos faiblesses, moi c’est l’illustration – et les jeux fourbasses mais c’est une autre histoire. Il suffit qu’une boîte ou un plateau bénéficie d’un habillage graphique flamboyant pour que mon intérêt soit titillé. Mais c’est bien beau d’admirer un jeu avec les yeux, il faut quand même se frotter à la mécanique pour savoir s’il s’agit d’une Ferrari ou d’une banale R12 maquillée en bolide. Dans le cas de Museum, l’appât s’appelle Vincent Dutrait. Et il ne s’agit pas d’attirer l’acheteur sur le seul nom de l’illustrateur prolifique de Lewis & Clark, New York 1901, Raptor et tant d’autres… Non, le piège est nettement plus fin : Museum est un jeu de collection, alors offrons au public des dizaines d’illustrations d’objets historiques et exotiques, plus belles les unes que les autres. Ces bougres d’éditeurs sont malins.

Donc j’ai pledgé, et au fur et à mesure de la découverte du jeu de base et des extensions promises, le visionnage des vidéos d’expliparties n’a fait qu’augmenter l’envie au point que nous nous étions promis avec Jet d’Ail (qui a eu la même faiblesse) d’essayer Museum dès que possible à Cannes. Vous nous connaissez, on vendrait un rein (généralement pas le nôtre) pour un bon jeu. Et la simple partie découverte du jeu de base a tenu ses promesses : une belle carrière de Conservateurs de musée s’ouvre à nous pour cet été !

Le principe de Museum est simple : chaque joueur a un musée à remplir de superbes objets exotiques et historiques glanés à travers le monde. Mais il ne faut pas confondre musée et brocante, il convient de proposer à votre public un parcours culturel cohérent pour qu’il apprécie votre collection. Ainsi, selon la stratégie choisie et les opportunités qui se présentent, on va chercher à réunir les objets d’une même civilisation ou bien proposer un circuit thématique (la religion, la guerre…) regroupant le plus de peuples différents. Et puis il y a le mécène particulier de chaque musée, dont les lubies secrètes sont parfois difficiles à assouvir mais – quand elles le sont – ce richissime investisseur sera très généreux.

D’accord mais comment on joue ?

Dans une partie classique, votre musée va s’enrichir de ses trésors en deux temps :

– tout d’abord au début du tour du joueur actif, tout le monde peut prendre en main une des cartes objets (d’une valeur allant de 1 à 5) disponibles sur le plateau

– puis, lorsque c’est votre tour, vous allez dépenser des cartes de votre main pour en déposer d’autres dans votre musée. Les cartes dépensées vont enrichir votre « réserve personnelle» qui devient un pot commun où chacun peut aller dénicher l’objet de ses rêves.

Tout le sel du jeu vient de la gestion de votre main et de votre réserve : réussir à optimiser vos actions pour limiter au maximum votre réserve personnelle, être attentif aux opportunités qui se présentent dans les réserves adverses et surtout réunir des collections cohérentes apportant un maximum de prestige.

Et attention au rush ! A chaque fois qu’un joueur pose un objet dans son musée, son curseur sur la piste de score avance de la valeur de la carte. Le premier qui atteint les 50 points déclenche la fin de partie… et c’est là qu’il peut s’apercevoir qu’il a commis une erreur. Car ces 50 points ne représentent en fait que la moitié du scoring final qu’un bon joueur peut espérer. A votre niveau de la piste de score, il faut ajouter les monnaies de prestige non dépensées, les points d’optimisation de vos collections et les récompenses obtenues de votre mécène si vous avez répondu à ses objectifs. Cerise sur le gâteau, une grande galerie complétée ou votre musée plein rapportent des points supplémentaires… et les cartes restant dans votre réserve personnelle vont vous en faire perdre selon leur région de provenance.

Qu’on me permette ici de raconter une anecdote sur ce point pour servir d’exemple : tout fier de moi, lors de ma première partie j’ai provoqué une suée chez mes adversaires en déposant dans mon musée et dans le même tour quelques 5 objets prestigieux (5 points chacun), passant de 23 à 48 points… quand soudain le doute m’habite : où en étais-je côté collection ?!? Oups, la boulette, mes objectifs de série étaient loin d’être atteints alors que mon prochain tour allait sonner la fin du match. Horreur et damnation, il me faut gagner du temps pour collecter les objets manquants à mes collections ! Que dirait le public devant cet alignement de grandes salles au milieu desquelles trônent une poignée d’artefacts de prestige entourés de vitrines vides ?!? Mon bolide culturel s’est instantanément transformé en tacot poussif, figé à deux mètres de la ligne d’arrivée pendant que je tentais de récupérer dans ma main le plus d’objets compatibles possibles. Lorsque, deux manches plus tard, je provoquais la fin de partie en complétant mes collections d’une demi-douzaine de nouvelles acquisitions, mes adversaires avaient largement rattrapé leur retard et il s’en fallut de peu qu’une prétendue gloire trop vite espérée ne devienne une bérézina assurée.

Et je ne vous ai pas parlé des évènements qui vont influencer la partie, ni des experts qu’on peut recruter pour leurs compétences, ou des cartes de faveur apportant des avantages one-shot non négligeables. Vous l’aurez compris, avec ses règles rapides à assimiler mais riches en possibilités, et sa centaine de cartes magnifiquement illustrées, Museum répond parfaitement à l’envie provoquée par le kickstarter.

Pour terminer, je souligne qu’il est possible de commander le jeu sur Kickstarter via le pledge manager prolongé jusqu’à fin avril, en profitant des ajouts exclusifs pour la campagne – dont les reliques de la Ligue des Explorateurs Extraordinaires – ainsi que les 6 extensions plus ou moins copieuses qui accompagneront le jeu.
Alors n’attendez pas la dernière minute pour profiter de cette opportunité, et rendez-vous début août pour endosser le costume d’Indiana Jones !

 

 

Museum est un jeu d’Eric Dubus et Olivier Melison
Illustré par Vincent Dutrait (pour le jeu de base et une bonne partie des extensions), Loïc Muzy et Ekatrina Varlamov
Édité par Holly Grail
2 à 4 joueurs (5e joueur avec l’extension « Le Prix du Public »)
49 € le jeu de base
Les extensions :
– Les reliques de Cthulhu (40 cartes supplémentaires) 4 €
– Les archéologues (un peu plus de complexité et des meeples) 9 €
– L’Exposition Universelle (des objectifs complémentaires) 9 €
– Le marché noir (60 cartes de contrebande) 9 €
– Le Prix du Public (scoring supplémentaire + matériel pour un 5e joueur) 9 €

2 réflexions sur “Museum, le jeu qui épate la galerie

  • Très bel article qui donne tout de suite envie de pledger.
    l’anecdote est bienvenue il manque néanmoins un petit mot sur le plaisir (et la grillade de neurones) de réorganiser son musée avant le décompte.
    M. kristoff, ce fût un plaisir d’animer cette partie ( qui a eu lieu, pour l’anecdote, à peine 45 minutes après que j’arrive à Cannes)…

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  • Kristoff

    Merci pour le commentaire… toutefois la réorganisation du musée ne m’a paru pas particulièrement complexe, mais cela découle certainement que j’avais fait le choix de privilégier une collection très portée sur une civilisation plutôt que par les thèmes (stratégie typique d’une première partie dont les scores n’ont pas été particulièrement brillants… vivement que nous ayons le jeu en main pour nous attaquer à des enjeux plus importants !)
    Cher Eins, participer à votre première animation au FIJ fut un plaisir (et pour répondre à l’anecdote, il faut savoir que vous étiez attendu de pied ferme par mes acolytes et moi-même qui avions décrété que – quoi qu’il arrive – nous participerions à cette première partie non mais alors !) 😉

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