Une nouveauté de l’été – Crossing
Ce n’est pas parce qu’on est à la plage, en pique-nique ou en soirée estivale avec des amis qu’on doit s’arrêter de jouer ! Dans ces cas-là, on cherche le plus souvent des jeux amusants et rapides pour cinq ou six personnes. Ça tombe bien car Crossing répond à ces attentes et c’est justement le sujet de cet article. On peut dire que vous êtes vernis, vous…
Né au Japon sous la dénomination de Xing, Crossing est ce qu’on appelle un party game, autrement dit un jeu plus porté sur la simplicité et la convivialité que sur la réflexion et la gestion.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut expliquer qu’en rapportant Xing dans leurs bagages, les éditeurs européens ont tenu à y coller un background, histoire de faire un peu plus fun. Ils s’y sont quand même mis à trois (Moonster Games, Cocktail Games et les Space Cowboys) pour imaginer une histoire qui vaut son pesant de cacahuètes : une fois par an, dans la ville de Crossing — plantée dans un univers heroic fantasy — des joyaux poussent sur des champignons géants (oui, c’est assez psychédélique). Et devinez quoi ? Les peuples du royaume étant avides de belles pierres, ils cherchent tous à récolter le plus de gemmes possible, quitte à les voler à leurs voisins.
Quand on a un bon coin à champignons, on ne le partage pas…
Ainsi donc nous voilà, de trois à six joueurs, autour d’une table avec, devant chacun, un carton représentant le peuple choisi : orc, nain, elfe, humain, troll… Au milieu de l’espace de jeu, des cartes rondes illustrent les champignons : il y a toujours un champignon de moins que le nombre de joueurs.
En début de partie, on dépose sur chaque champignon deux gemmes tirées d’un sac. Attention, la suite va être rapide : on compte un, deux… à trois chacun désigne un emplacement !
Si un joueur est le seul à avoir pointé un champignon, il transfère les pierres posées dessus vers sa carte personnage. Un emplacement pointé par plusieurs joueurs conserve ses joyaux et les malheureux se traitent mutuellement de tous les noms. Étant donné qu’il y a une carte champignon de moins que le nombre de joueurs, il y a toujours au moins deux perdants… Mais cela ne s’arrête pas là, le plus drôle vient après.
Aux tours suivants, on ajoute deux pierres sur les champignons ayant été vidés et une pierre sur ceux qui ont conservé des joyaux. Ces derniers vont ainsi devenir encore plus tentants, donc être ciblés par plusieurs joueurs et par conséquent rester imprenables. Ce monde est cruel.
Mais la fourberie ne s’arrête pas là… car à partir du second tour il est aussi possible de pointer les cartes personnages des adversaires ! Dans ce cas, la règle est la même que pour les champignons : une carte pointée par un seul joueur permet à ce dernier de prendre tous les joyaux posés dessus. Les injures fusent.
Pour éviter de vous faire voler votre précieux trésor, il est possible de protéger votre carte personnage au lieu de pointer celle des autres. Les voleurs sont invités à voir ailleurs si on y est, et vos pierres sont mises de côté pour être définitivement à l’abri. Cette défense a cependant un prix : votre carte personnage est retournée pour un tour, vous ne participerez pas au prochain partage.
Là où il n’y a pas de gemmes, y’a pas de plaisir
Une fois le sac entièrement vidé de ses pierres, la partie s’arrête et le fatal moment du comptage des points commence.
Je ne l’avais pas encore évoqué, mais il existe quatre type de pierres différentes : des colorées — jaunes, bleues et rouges — et des translucides. On pourrait parler d’ambre, de saphirs, rubis et diamants mais ne compliquons pas l’affaire.
Les pierres translucides valent 2 points. C’est clair, net et sans bavure.
Les pierres colorées ont un comptage plus particulier — ne vous en faites pas, ça n’est quand même pas d’une complexité ébouriffante — individuellement chaque pierre rapporte 1 point, mais si on arrive à réunir les trois couleurs jaune-bleu-rouge, chaque trio vaut 5 points.
Voilà, vous savez tout sur cette nouveauté dont les parties doivent être rapides et enlevées pour être appréciées. Bien entendu, le jeu n’a d’intérêt que si les joueurs discutent entre eux, négocient des promesses plus ou moins tenues et lancent des anathèmes lors des trahisons et coups fourrés qui ne manqueront pas d’arriver.
Sans être à un niveau de bluff absolu, Crossing permet quelques beaux moments d’interaction entre joueurs : on s’observe, le balayage des regards est scruté afin de capter les intentions, et les affreux lorgnent sur les réserves imprudemment remplies.
Crossing est un party game par excellence, idéal pour les moments de détente, il était donc normal qu’il devienne un des succès des débuts de soirée de la Boite à Chimère. Une partie ne prend qu’une quinzaine de minutes… et on y retourne rapidement pour la revanche.
Crossing est un jeu de Yoshiteru Shinohara
Illustré par Charlène Le Scanff
Édité par Moonster Games, Cocktail Games et JD Éditions
Les illustrations sont © Charlène Le Scanff
Les images et photos sont © 2015 – La Boite à Chimère
La couverture du jeu est tirée du site Tric Trac