Jeux de société

7 Wonders duel — Une merveille pour deux

perso-militaireTout joueur digne de ce nom connaît 7 Wonders™ (on reconnaît les incultes à leur prononciation de « sept wonders » qui ne ressemble à rien, on dit « seven wonders » s’il vous plaît). Ce jeu a tout chamboulé à sa sortie en 2010, permettant au jeu de société dit « moderne » d’entrer dans les familles ne s’étant aventurées que jusqu’au Monopoly® ou au Cluedo®. Depuis sa sortie, le jeu d’Antoine Bauza a connu trois extensions, et voilà que nous arrive 7 Wonders duel, toujours édité par Repos production. Encore une extension ? Point du tout ! Ça n’a même rien à voir, encore que si un petit peu quand même. Allez, je vous explique tout.

Même si on y retrouve, bien entendu, son créateur Antoine Bauza et les illustrations de Miguel Combria, 7 Wonders duel n’est donc pas une extension du jeu d’origine, mais bien un nouvel angle de vue de sa mécanique : alors que 7 Wonders est conçu pour fonctionner de 3 à 7 joueurs — pour ma part je considère que la richesse du jeu est plus importante de 5 à 7 participants — Duel se joue à 2. Ni plus, ni moins.

Et quand on sait que l’autre grande nouveauté, c’est la participation de Bruno Cathala (Abyss, Five Tribes, Le Petit Prince, Noé, Mr Jack, etc.) comme co-auteur, on peut raisonnablement considérer que le jeu va gagner en fourberie.

Ça a le goût de 7 Wonders, la couleur de 7 Wonders…

Pourquoi appeler ce jeu 7 Wonders ? Tout simplement parce qu’on y retrouve certaines caractéristiques de base. Comme pour la version d’origine, il s’agit de construire des bâtiments qui rapporteront des ressources, des points de victoire ou des avantages particuliers. Les cartes sont réparties en trois âges qui rythment la partie.
On retrouve nos familles de bâtiments habituelles avec leurs couleurs spécifiques : marron et gris pour les ressources, rouge pour les militaires, jaune pour le commerce, vert pour les scientifiques, bleu pour les bâtiments civils et violet pour les guildes.
Les bâtiments ont un coût de construction, en ressources ou en monnaie, et certains vont permettre — grâce à un symbole — de construire gratuitement certaines cartes d’âge supérieur.

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Les actions des joueurs restent elles aussi classiques : à son tour, on prend une carte et on a le choix entre acheter le bâtiment correspondant, l’utiliser pour construire une merveille ou la défausser pour gagner de l’argent.

… mais ça n’est pas 7 Wonders, ni un ersatz !

perso-scientifiqueÀ ce stade de votre lecture, vous êtes en train de vous demander en quoi Duel est particulier et je vous remercie de me poser la question. Tout d’abord, il n’y a pas un moyen de gagner la partie mais trois. On a bien entendu la victoire aux points si la partie va jusqu’à la fin de l’âge III, mais les auteurs ont ajouté deux conditions de victoire immédiate qui changent considérablement la donne : la victoire scientifique et la victoire militaire.

La victoire scientifique se remporte dès qu’un joueur a réussi à réunir six symboles scientifiques différents représentés sur les cartes vertes. Cette stratégie est assez difficile à réaliser car chacun de ces symboles n’existe qu’en deux exemplaires. Un septième symbole peut — parfois — être obtenu grâce à un bonus mais il n’apparaît pas dans toutes les parties. Mais le risque est récompensé puisque en réunissant six de ces symboles on met immédiatement fin à la partie et on emporte la victoire.

La victoire militaire est assez différente. La nouveauté réside dans l’ajout d’une piste de conflit séparant les deux villes adverses de dix-neuf cases. Un pion conflit est posé au milieu de la piste en début de partie. Comme dans le jeu d’origine, les cartes militaires (rouges) représentent des symboles boucliers plus ou moins nombreux selon l’âge auquel elles appartiennent. En construisant un bâtiment militaire, le joueur déplace le pion conflit vers la cité adverse du nombre de cases équivalent aux boucliers de la carte. Si le pion conflit atteint la ville de l’adversaire, la partie est là aussi immédiatement remportée par le conquérant.

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Ces deux nouveautés forment à elles seules la véritable différence d’avec la version originale. 7 Wonders Duel devient ainsi un jeu rapide (30 min maximum) et nettement plus tendu. Il convient d’être très attentif à la stratégie de l’adversaire et à la configuration de la partie afin, si l’on tente une victoire immédiate, de ne pas laisser échapper les cartes indispensables, ou,  dans le cas contraire, ne pas se laisser prendre au piège d’une défaite militaire ou scientifique en sabotant l’objectif adverse. Et quand chacun tente une des deux stratégies, une partie peut devenir une course de vitesse assez réjouissante par des tentatives de blocage bien fourbes.

Une merveille de mécanique

Un des principes de base du jeu original étant le draft (on passe ses cartes à son voisin après en avoir choisi une) et ce système perdant tout intérêt à deux joueurs, il était évident qu’il fallait trouver un nouveau moteur à Duel. Antoine Bauza et Bruno Cathala ont donc imaginé un mécanisme permettant de conserver l’idée de cartes communes aux joueurs et l’obligation de faire des choix cornéliens entre plusieurs décisions possibles : le placement des cartes en pyramides.

Au début de chaque âge, les cartes sont posées aléatoirement dans des configurations prédéterminées :

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Les cartes se superposent d’un rang sur l’autre, et certaines rangées sont positionnées face cachée. Pour débloquer et dévoiler les rangs supérieurs, il convient par conséquent de prendre les cartes placées en dessous. Ce choix peut s’avérer parfois difficile car on a l’obligation de prendre une carte, que ce soit pour l’acheter ou la défausser, au risque de libérer une superbe opportunité pour l’adversaire. Vous pouvez facilement imaginer la frustration ressentie de ne pas pouvoir prendre une carte espérée pour éviter de débloquer la victoire de l’ennemi.

7-Wonders-Duel-Merveille-PireeQui dit 7 Wonders, dit merveilles. Et là aussi elles sont présentes avec quelques changements. En début de partie, les joueurs vont choisir chacun quatre merveilles parmi huit proposées aléatoirement (le jeu en comporte douze). Ces merveilles se construisent en une fois, en défaussant une carte bâtiment, mais bien entendu elles ont un coût de construction assez conséquent. Toutes les merveilles apportent une ou plusieurs récompenses quand elles sont construites, certaines vont apporter des points pour la phase de comptage, d’autres de l’argent, ou permettre de rejouer immédiatement. 7-Wonders-Duel-Merveille-Via-AppiaEt puis il y a celles qui ont un impact sur l’adversaire : elles peuvent comporter des boucliers ou détruire une carte ressource de l’autre camp. Il est donc important de bien choisir ses objectifs en début de partie : un combo bien mené avec le pouvoir de rejouer dans le même tour, et c’est trois merveilles qui peuvent être construites à la suite. Les auteurs ayant voulu respecter la tradition, seules sept merveilles peuvent être construites dans une partie… encore une petite frustration potentielle à supporter pour celui qui aura pris du retard. Cependant on peut parfaitement gagner en faisant abstraction de ses merveilles, il faut simplement avoir conscience qu’il ne faut pas traîner si on pense en avoir besoin pour la phase finale.

7-Wonders-Duel-Merveille-Statue-ZeusJe ne vais pas plus m’étendre sur les détails des adaptations de ce 7 Wonders duel, les règles sont simples et bien expliquées. Prenez bien le temps de tout lire pour votre première partie, en oubliant les principes du jeu d’origine de façon à ne pas passer à côté de certaines petites spécificités (comme l’importance prise par les cartes jaunes pour récupérer de l’argent, ou le fonctionnement du coût des ressources achetées à la banque).

7 Wonders duel est donc un jeu nerveux, parfaitement équilibré, à la rejouabilité exemplaire tant les possibilités sont grandes selon les configurations de départ. Antoine Bauza et Bruno Cathala ont réussi l’exploit de transformer un gros jeu conçu pour un grand nombre de joueurs, en un petit bijou de face à face dont les parties sont tendues jusqu’à leur conclusion finale (encore que parfois une erreur de stratégie commise en début de partie peut avoir des conséquences totalement prévisibles dans l’âge III, si on arrive à la phase de comptage des points). Encore une belle merveille ludique !

7-wonders-duel7 Wonders duel est un jeu d’Antoine Bauza et Bruno Cathala
Illustré par Miguel Combria
Édité par Repos Production

À partir de 10 ans, pour des parties de 30 min environ.

Prix aux alentours de 23 €

Les illustrations de cet article sont © Sombreros Production 2015

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