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Wulin

Si la shaw brothers, les 1000 paumes de bouddha ou la technique du poing d’acier sont des termes qui vous parlent, ce jeu devrait déjà être dans votre ludothèque. Sinon, continuez votre lecture pour découvrir et révéler le youxia qui est en vous.

Les cultures chinoises et européennes peuvent sembler très différentes. Il existe cependant quelques similitudes entre les deux, dont les histoires de chevaliers, ces nobles guerriers errants, prêts à faire régner la justice et la droiture,  sont un bon exemple.

Wulin vous propose d’ incarner un de ces Robin des Bois un peu rebelle, un peu roublard, mais 100% héroïque.

Au départ pamphlets contre les autorités corrompues ou étrangères, issues des nombreuses invasions qui marquèrent l’histoire de la Chine, simples contes fantastiques ou fédérateurs, ces histoires ont été absorbées par le cinéma hongkongais pour peu à peu prendre ses lettres de noblesse et devenir une référence, avec des films comme Tigre et Dragon, les 36 chambres de Shaolin et Drunken master. (Ne vous inquiétez pas si vous n’y connaissez rien, un chapitre complet du livre vous donne les grandes lignes du monde des youxia, et il est facile de trouver ces films – en cherchant bien vous vous apercevrez que l’on a tous au moins 1 ami fan de ce genre de cinéma ! )

Mais là, on ne plaisante plus : VOUS êtes le héros de ces aventures, vous allez vous-même lutter contre ces hordes d’étrangers malfaisants, ces magistrats vils et avides de pouvoir, ou encore des créatures folkloriques aux étranges pouvoirs.

Lors de la création du personnage, vous répartissez un certain nombre de points entre des caractéristiques comme le feu qui représente l’allure et le charisme de votre personnage, l’eau qui est son esprit, ses connaissances et sa réflexion, le gongfu qui est la faculté de combat associée au bois, etc.

Vous déterminerez le caractère de votre personnage en suivant les règles du Yin et du Yang, vous découvrirez les us et coutumes de l’époque en sélectionnant l’orientation du personnage : s’il est un vieux Bâton rouge en quête de Rédemption, un ex-soldat de la dynastie déchue (la dynastie Tang dans le jeu) cherchant un nouveau but dans la vie, le notable qui cherche à amener la paix dans les provinces conquises, ou encore une simple artiste désirant vivre en dehors des vicissitudes de ce monde. Bref vous avez un panel très large de personnages jouables.

Une fois fait, vous allez déterminer des phrases clefs qui annoncent les points forts du personnage : ce sont les Traits légendaires.

Ainsi, si on dit que votre poing est plus puissant que la charge du buffle, ou que votre savoir s’élève plus haut que la montagne la plus haute, vous devrez, en tant que personnage, tout faire pour prouver que ces rumeurs sont vraies et non de la vantardise déplacée. C’est le seul moyen que vous aurez pour augmenter votre renommée et vous faire une réputation dans « le monde des Lacs et des Rivières » selon l’expression consacrée.

Ces phrases embellies dans le plus pur style asiatique (du moins comme la tradition occidentale se le représente) loin d’être anecdotiques auront une triple fonction. Déjà pour se faire une idée de votre personnage (si on dit que votre force dépasse celle du buffle, on imagine bien votre carrure), pour réussir vos actions (un peu comme des compétences d’autres jeux), mais également comme leitmotiv pour les personnages : en effet il faudra parfois défendre vos prétentions contre les calomnieux ou les concurrents dans le même domaine.

Les règles du jeu sont simples, un seuil de difficulté doit être déterminé par le joueur selon le résultat qu’il désire. A lui de voir s’il veut se la faire petit joueur (« je grimpe sur le mur pour m’enfuir… ») ou s’il tente d’être une légende (« je bondis sur le muret tel le chat, tout en souplesse, en frappant mes 3 adversaires au passage d’un grand coup de pied aérien et en dégainant mon sabre pour être prêt à combattre ce qui m’attend derrière »).

Le joueur lance autant de d8 (comme l’étoile Bagua taoïste aux 8 trigrammes) que sa caractéristique concernée. Si une de ses phrases clefs entre en jeu (« on dit que je saute telle la carpe hors de l’eau ») il peut rajouter 1,2 ou 3 dés à son jet, et en retirer un ou deux APRÈS  le jet selon son niveau.

Le but est d’atteindre au plus juste le score déterminé. En dessous, l’action est ratée. Au dessus, l’action est réussie mais le personnage perd des points de souffle pour avoir voulu trop en faire ou s’il a mal exécuté l’action.

Que vous combattiez à mains nues, avec une masse à pointes ou par le verbe, votre style aura autant d’importance que votre efficacité, si ce n’est plus. Garder la face est une aptitude prise en compte, et se faire humilier a une forte incidence sur votre réputation .

Si la base est simple, de nombreuses règles annexes viennent alourdir le système, au point d’en étouffer un peu le plaisir de la lecture. Entre la création de son propre style d’art martial (très bien fait), la médecine taoïste et ses innombrables potions (très bien fait), l’alchimie et ses rites magiques, on arrive vite à sauter certains passages tant qu’un joueur n’en aura pas besoin en cours de jeu.

De même la maquette est quelque peu difficile ; entre des paragraphes qui s’enchaînent alors qu’on change de sujet, son manque de clarté, on peut vite être perdu tant qu’on arrive pas à faire la différence entre le Neigong, les Wugong, le souffle et les techniques.

 

L’Excellence

 

C’est là tout le sel du jeu, pousser les joueurs à dépasser les limites du raisonnable pour tenter des actions de folies qui resteront à jamais gravées dans les livres d’Histoire.

Pour mieux saisir l’idée, imaginez qu’un groupe de courtisans tentent de se faire valoir en racontant une histoire à un jeune prince malade. Chacun va tenter de capter l’attention de celui-ci en surenchérissant sur l’autre, en décrivant des exploits de plus en plus fous, de plus en plus incroyables, de personnages hauts en couleur.

Ces histoires ce sont celles de vos personnages, promis à un destin unique, une mort épique, ou l’oubli si vous n’êtes pas à la hauteur.

Vous avez là le grain de folie du jeu, ce qui le fait basculer dans une expérience ludique unique. Totalement libre de choisir ce qu’ils veulent, les joueurs peuvent laisser libre cours à leur imagination pour inventer les traits qui les feront rire, triper comme des gamins, voir prendre un air grave en imitant l’accent chinois des nanars des années 70. Le but sera de leur faire vivre ces contes incroyables qui pourraient devenir des légendes, transmises de générations en générations jusqu’à finir sur grand écran quelques siècles plus tard.

Un peu comme le roi Arthur ou Robin des Bois ont pu connaître par chez nous, eux aussi issus d’une longue tradition orale devenue littéraire, puis cinématographique.

Tout ce système basé sur l’excellence, la recherche de la perfection du geste, et ces phrases dignes des meilleurs nanars Hong-kongais donne sa saveur unique au jeu.  On n’y met pas des coups de poing, on distribue des rafales de pétales de lotus cramoisies à une armée de sbires aussi anonymes qu’incompétents ;  on ne fait pas un tableau, on exprime son Qi par la symbolique du pinceau virevoltant sur le papier, aussi gracieux que l’hirondelle au printemps.

 

N’hésitez pas à arpenter les terres de Chine en compagnie de vos amis. Le monde vaste et riche vous promet moult aventures et dépaysement. Ne rien connaître du Kung-fu, de Bruce Lee ou la filmographie impressionnante de Jackie Chan n’est pas une excuse : concevoir un cuisinier qui cherche à atteindre l’excellence du potage ultime et de la cuisson des nouilles parfaite parle à tout le monde. Sauf que plutôt qu’à ressembler à Gordon Ramsey, votre personnage saura castrer une mouche avec des baguettes, rétablir l’équilibre interne d’un blessé pour qu’il se soigne plus vite, ou tout simplement redonner le sourire à un peuple opprimé en faisant des nouilles si bonnes que les dieux font la queue pour en avoir (à ce qu’on raconte).

 

Car comme disait Confucius : « L’homme supérieur regrette de voir sa vie s’écouler sans laisser après lui des actions dignes d’éloges ».

 

PS  fi des complications du livre de règles : une V2 devrait sortir très prochainement, avec de nouvelles illustrations magnifiques, une mouture revue totalement,  un écran à tomber par terre, et des règles simplifiées

 

 

 

 

 

Satan

Satan, ennemi publique numero 1 depuis des millénaires, grand strateguerre de la soirée murder, ayatollah du jeu du rôle, prince du Deck building et Parain de la mafia ludique au sein de la Boîte à Chimère.

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