Vivez le Ragnarök avec Blood Rage

Vous avez toujours rêvé de vous asseoir à la table des dieux lors de la fin des temps, de vous couvrir de gloire en affrontant des créatures mythologiques alors venez participer au Ragnarök lors de batailles pleines de Sang et de Rage. Voici le thème de Blood Rage proposé par Eric M. Lang et illustré par Adrian Smith, édité chez Guillotine Game/CoolMiniOrNot et EDGE, à nouveau disponible dans les boutiques.

Dans Blood Rage chaque joueur – entre deux et quatre (voire cinq avec l’extension idoine) – va
diriger une tribu de vikings (les loups, les serpents, les ours, les corbeaux et les béliers) en quête de gloire sur l’île d’Yggdrasil lors de la fin des temps, le fameux Ragnarök de la mythologie nordique.

En dépoussiérant une de ses premières créations, Midgard (l’un de premiers jeux de société utilisant le système de draft) et le mixant avec un de ses plus grands succès, Chaos dans le Vieux Monde, Eric M. Lang réussit à nous proposer un jeu vif et malin plein de combats, de bluff et de coups tordus.

 

Tout d’abord ce qui saute aux yeux lors de l’ouverture de la boîte de jeu c’est la beauté des figurines (une petite quarantaine de vikings et une dizaine de créatures mythologiques). Les figurines sont à l’échelle 32 mm et d’une finesse de sculpture rarement atteinte pour un jeu de société. Ah !!! quel dommage que je ne sache pas peindre afin de rendre hommage au travail effectué par l’illustrateur et les sculpteurs. La qualité de gravure ferait même oublier que Blood Rage n’est pas un jeu de combat de figurines mais bel et bien un jeu de plateau à classer plutôt dans les jeux de conquêtes (dont Risk fut l’initiateur).

Bien qu’ayant des règles assez simples ce jeu s’adresse à un public plutôt habitué aux jeux. Un jeu « expert » comme le diraient certains.

La partie se déroule en trois tours (appelés Âges dans le jeu), divisés en plusieurs phases.

  • La première phase : phase de dons des dieux constituée d’une distribution de 8 cartes de l’âge courant à chacun, suivie d’un « Draft ».
  • La phase d’action : phase principale du jeu
  • La phase de défausse
  • La phase de Quête
  • La phase de Ragnarök
  • La Phase du retour du Walhalla

Chaque joueur possède une fiche de clan où sont indiquées les caractéristiques de son clan :
– la Force et les capacités spéciales des figurines de son clan (un chef, un drakkar, 8 guerriers et éventuellement jusqu’à deux monstres alliés)
– 3 caractéristiques (le nombre de points d’action par tour (ici appelés Rage), le gain en points de Gloire lorsque la tribu remporte un combat, le nombre maximum de figurines que le joueur peut avoir en même temps sur le plateau de jeu principal)
– une piste pour indiquer le nombre de points de Rage disponibles
– éventuellement les capacités spéciales de sa tribu.

Le draft pour les nuls :
Petite explication pour ceux qui n’ont jamais joué à un jeu de cartes avec une phase de « draft ». Le principe de ce mécanisme ludique est des plus simples ; on distribue un certain nombre de cartes (ici 8) à chaque joueur après avoir mélangé le paquet de cartes puis chacun choisit une carte parmi celles qu’il a reçues puis donne le reste à son voisin de table. Ensuite on choisit de nouveau une carte parmi celles qu’on vient de recevoir de son voisin, puis on donne le reste à son autre voisin. On renouvelle cette étape jusqu’à avoir choisi un certain nombres de cartes (ici 6), le reste des cartes étant défaussé.
Ce mécanisme permet de limiter le hasard lié au mélange d’un paquet de cartes et permet d’avoir des informations partielles à propos de la main de cartes de vos adversaires.

Dans Blood Rage il y a 3 types de cartes : les cartes amélioration, les cartes de batailles et les cartes de quêtes.
Les cartes amélioration permettent de modifier la force des figurines mais également d’ajouter des capacités spéciales à celles-ci ou à toute la tribu. Elles permettent aussi de recruter des monstres (Géants, Trolls et autres Serpents de Mers) qui pourront combattre pour le Clan.
Les cartes de batailles apportent une force ou une capacité lors des combats.
Enfin les cartes de quêtes donnent des objectifs qui si ils sont atteints rapporteront de la Gloire.

Il y a un paquet de cartes spécifiques à chaque Âge et plus on avance dans le jeu plus les effets des cartes sont puissants.

La Phase principale se déroule de la façon suivante : le joueur actif choisit une action, soustrait son coût en Rage de son stock et applique l’effet de son action. C’est ensuite au joueur suivant de faire la même chose. On répète cela jusqu’à l’épuisement du stock de Rage de chaque joueur. Les actions disponibles sont : pose d’une carte amélioration, marche (mouvement qui permet de déplacer un groupe de figurines d’une région du plateau central vers n’importe quelle autre région), pose d’une carte quête (face cachée), invasion (action qui permet de prendre une figurine de sa réserve et la poser sur une région périphérique du plateau central), pillage (phase qui permet de revendiquer une région mais qui peut entraîner un combat).
Lors de l’action pillage toutes les figurines présentes dans la région participent au combat. D’autre part en commençant par le joueur suivant le joueur actif chacun peut éventuellement déplacer une de ses figurines pour rejoindre le combat si il reste de la place disponible dans la région pillée. Une fois ces déplacements facultatifs faits le combat à proprement parler se passe. Chaque joueur impliqué dans le pillage pose une carte face cachée puis on révèle simultanément la carte choisie ; si c’est une carte de combat son effet sera joué. On calcule alors la valeur de combat de chacun (force des figurines et carte de combat). Celui qui possède la valeur de combat la plus élevée gagne le combat et la gloire correspondant à cette victoire mais perd la carte jouée, les autres combattants perdent toutes leurs figurines (qui partent pour le Walhalla) mais gardent leur carte jouée à ce combat. Si l’initiateur du pillage a remporté le combat, il gagne alors la récompense de la région pillée.

Suite à cette phase chaque joueur peut garder une carte en main, les autres étant défaussées. Ensuite chacun révèle les cartes quêtes qu’il a jouées et pour chacune on vérifie si elle est réussie ou non. En cas de réussite le joueur concerné gagne un certain nombre de points de gloire et augmente une de ses caractéristiques d’un rang.

On passe ensuite à la phase de Ragnarök. Durant celle-ci toutes les figurines présentes dans la région concernée par le Ragnarök sont détruites. Les figurines détruites lors de cette phase rapporteront des points de Gloire, en effet il est glorieux de mourir lors de la fin des temps. Les trois régions qui seront concernées sont connues dès le début du jeu, par contre elles sont différentes d’une partie à l’autre.

Une fois toutes ces phases effectuées on passe à la phase du retour du Walhalla. Lors de cette phase toutes les figurines précédemment détruites reviennent dans la réserve de leurs propriétaires.

On renouvelle tout cela trois fois. Celui qui possède le plus de Gloire à la fin des 3 Âges remporte la partie.

Lors des phases de draft on commence à élaborer une stratégie que l’on essaiera d’appliquer pendant la phase principale. On prend plaisir à découvrir les différentes cartes et s’imaginer leur meilleur utilisation. Certaines cartes qui n’étaient pas forcement choisies lors des premières parties vont révéler leur potentiel en les combinant avec d’autres et comme tout jeu à « combo » la richesse du jeu va se dévoiler après quelques parties.

Grâce au système un joueur / une action la phase principale est vive et animée, le temps d’attente avant sa prochaine action étant relativement court par rapport à d’autres jeux de cette catégorie. Le système de combat étant très simple (une carte + force totale des figurines), les batailles s’enchaîneront à un rythme effréné. Blood Rage est un jeu dans lequel il ne faut pas trop chercher à garder en vie coûte que coûte ses figurines, le système de jeu permet facilement d’en faire venir de nouvelles.

De nombreuses manières de gagner de la Gloire et donc la partie existent, de la guerre, multiplier les batailles, à plutôt se réserver sur une ou deux batailles, de jouer les quêtes ou non, de chercher à avoir la force de combat la plus élevée ou alors de faire exprès de perdre les batailles (et oui grâce à certaines cartes ou un bon timing il peut être très rentable de se faire tuer lors des batailles).

Même si une certaine planification peut être utile, il ne faut pas hésiter non plus à faire preuve d’opportunisme et d’adaptabilité face aux actions des autres joueurs.

En fixant le nombre de tours à 3 au lieu de 7/8 pour Chaos dans le vieux monde et en simplifiant le système de combat tout en le rendant très mortel, l’auteur du jeu réussit à faire qu’une partie dure au maximum deux heures pour le double pour son prédécesseur.

Au niveau du matériel rien à dire sur la qualité, elle parfaite. Juste un petit reproche sur les marqueurs, seul les possesseurs du kick-starter auront ceux-ci en plastique, les acheteurs en commerce traditionnel les auront en carton. Vu le prix du jeu, 90€, cela fait un peu mesquin.
De même vu que la configuration à cinq ne nécessite pas de modification de règles ni de plateau adapté pourquoi ne pas l’avoir directement intégrée au jeu de base. 35€ de plus pour profiter du jeu à 5 cela fait cher.
Par contre je comprends tout à fait que les deux petites extensions qui existent (les Dieux d’Asgard et les Augures de Midgard) ne soient pas elles intégrées car elles apportent des règles optionnelles supplémentaires ainsi que quelques nouvelles figurines. Avec une trentaine de parties au compteur je n’ai toujours pas éprouvé le besoin d’intégrer ces extensions à mes parties.

La politique éditoriale de certaines compagnies du secteur ludique me pose question. Depuis l’avènement de kick-starter des éditeurs de jeux de société « surproduisent » ne proposant que des versions de luxe de leurs jeux alors qu’une version classique (ici des pions plus classiques à la places des figurines) pourrait tout à fait exister à un prix plus abordable. Je comprends tout à fait qu’il existe des versions de luxe de certains jeux, j’en ai moi-même acquis certaines, mais je souhaiterais qu’elles coexistent avec des versions à des prix plus abordables. Cette politique, à mon avis, ne fait que réserver certains jeux à un public d’hyper connaisseurs prêts à mettre une certaine somme dans leur passion et empêche un plus grand public d’aborder ce genre de jeux.

En dehors de ce reproche j’adore ce jeu qui est un de mes préférés dans ce genre, Eric M. Lang ayant réussi à synthétiser au mieux les dernières tendances au niveau des mécanismes ludiques et son éditeur ayant réussi à les mettre dans un des plus beaux écrins qu’il soit.
Blood Rage par  Eric Lang, illustré par Adrian Smith, Édité par Edge Entertainment et Guillotine Game/CoolMiniOrNot.
Prix éditeur : 90€
Extension 5° joueur : 35€
Extension Dieux d’Asgard : 25€
Extension Augures de Midgard : 30€

L’historien François Nerveux précise que « dans l’espace viking, Drakkar sert d’abord à désigner les figures sculptées à la proue et à la poupe des navires, qui représentaient souvent des dragons ». Cet animal fabuleux était destiné à effrayer l’ennemi et les mauvais esprits. Ensuite, le mot s’applique par métonymie au bateau lui-même, celui de guerre, au sens le plus prestigieux du terme. (source : Wikipédia)

Crédit photos : Edge Entertainment – © et Ex-Nihilo pour les figurines peintes

 

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