Chtouloulouh, Vienne, 1890
Posté : mer. 9 août 2017 09:24
Notes de Louis Beaumont :
Je me souviens plus vraiment si l’agression contre von Meitner a effectivement eu lieu le soir de la réception ou si c’était le lendemain…Vienne, 23 septembre 1890
Avec MM. Langlois et Piazzesi, nous sommes arrivés à Vienne. Les Allemands que nous avons rencontrés dans le train de Nice à Milan et qui ont repris ensuite le Milan-Venise et le Venise-Vienne étaient bien, eux aussi, à la suite de Neuberger. Ils le recherchent pour le meurtre d’un professeur de physique allemand, un certain Dr Otto Meier, auquel il aurait dérobé des travaux inédits en optique.
Deux d’entre eux sont, peut-être, effectivement espions : un officier prussien, von Bülow, et sa compagne, von Meitner ; ils sont accompagnés d’un professeur, le Dr Fenninger. Ils sont descendus dans le même hôtel que nous (le Friedrich Wilhelm).
Le soir, nous fîmes un tour à l’observatoire, pour jeter un œil au plus grand télescope du monde. Je m’entretins avec le Pr Werner, qui était là ce soir : bien évidemment, nous parlâmes des canaux de Mars ; il semble passionné par la recherche de Vulcain. J’espère que cette nouvelle planète sera découverte (mais espérons que cela sera le fait d’un Français !).
24 septembre 1890
Flute ! Neuberger nous a échappé ce matin ! Nous l’attendions devant le palais, où il s’était fait engager comme domestique la veille, pour la réception de ce soir, organisée pour les diplomates allemands et russes.
Mais nous avons pu récupérer quelques documents et un collier (j’y reviens plus loin). Les documents sont déroutants : il s’agit d’une série de calculs (corrects) de trigonométrie et d’une carte céleste manuscrite totalement aberrante. Quant au collier… la peste soit des boches ! il a disparu alors qu’il était sur la table et que nous regardions ailleurs. Von Bülow ayant été blessé lors de notre altercation avec Neuberger, il était au lit ; Langlois et Piazzesi, fonctionnaires de notre patrie, sont bien évidemment hors de soupçon ; quant à moi, eh bien… je sais que je ne l’ai pas pris ; c’est donc le Dr Fenninger ou von Meitner ! Mais nous n’avons rien pu obtenir d’eux.
25 septembre 1890
Il est deux heures du matin. Von Meitner vient de se faire attaquer dans son sommeil par Neuberger et elle l’a tué d’un coup de révolver. Au moins, il aura eu son compte pour ses deux meurtres ! Mais nous n’avons pas pu l’interroger…
Le plus étrange est que le collier a réapparu : il était au sol, brisé, dans la chambre de von Meitner. Elle dit ne pas savoir comment il s’est retrouvé là… Il faudra la garder à l’œil ! Hormis peut-être un Anglais, rien n’est plus fourbe qu’un Allemand… alors un espion allemand !
Mais une bonne nouvelle dans cela : hier, la police avait saisi l’essentiel des documents et objets que Neuberger laissa tomber pendant la fusillade entre nous. Le Dr Fenninger, Dieu seul sait comment ! a réussi à obtenir de l’officier, appelé par l’hôtel suite au coup de feu, qu’il nous remît au plus vite ces effets.