Lettre envoyée par Franklyn Dakota, étudiant en troisième année de mathématiques à l’université Miskatonic d’Arkham, Massachusetts, États-Unis d’Amérique, à l’attention de :
- David Hilbert, université de Göttingen, Allemagne,
- Émile Borel, Faculté des sciences de Paris, France,
- Henri Lebesgue, Collège de France, Académie des sciences, Paris, France,
- Godfrey Hardy, Trinity College, Cambridge, Royaume-Uni,
- Albert Einstein, Académie royale des sciences et des lettres de Berlin, Allemagne,
- William Young, London Mathematical Society, Londres, Royaume-Uni,
- Felix Klein, université de Göttingen, Allemagne,
- Bertrand Russell, Royal Society, Londres, Royaume-Uni.
Messieurs,
Pour commencer, permettez-moi de vous adresser toutes les salutations de l’humble étudiant en mathématiques que je suis. Permettez-moi, ensuite, de vous adresser mes félicitations pour tous vos remarquables travaux.
Les précautions que je prends pour écrire ce courrier sont notamment dues au fait qu’il faut éviter qu’elle tombe en de mauvaises mains. J’ai conscience du fait que les faits que je vais vous relater sont particulièrement étranges et j’aurais moi-même grand mal à les croire si je ne les avais vécus. Sachez toutefois que j’étais en compagnie de feue le professeur Astrid Chantal, de Paris, du professeur Wentworth Avebury, de l’université Miskatonic et du docteur Simon Winter, de l’université Miskatonic.
Je ne vais pas m’étendre sur tout ce qui s’est passé (certaines choses ne doivent pas être couchées par écrit et doivent peut-être même être tues), mais pour aller à l’essentiel, sachez que j’ai longuement étudié les travaux de Gauss, Riemann, Lobatchevski, Bolyai et tous les grands noms de la géométrie non-euclidienne, ainsi que ceux de Hinton sur l’hypercube de dimension 4. Je suis aujourd’hui en mesure de vous confirmer, conformément à ce que la recherche actuelle en mathématiques et en physique semble affirmer, que l’univers dans lequel nous vivons n’est pas limité aux trois dimensions sensibles.
Je souligne le terme « sensibles » car ces dimensions ne sont justement pas les seules à être sensibles ! Lors d’un récent voyage en Égypte (j’accompagnais le professeur Avebury, archéologue), j’ai été confronté à une bête sauvage, dans le désert aux confins avec la Libye. Cette bête sauvage avait l’apparence d’un gros chat (cette information est-elle importante ? je n’en suis pas sûr) qui semblait… disparaitre pour réapparaitre plus loin !
Oui, le chat du Cheshire de Lewis Carroll (qui était, rappelons-le, mathématicien, mais aussi visionnaire, à moins qu’il n’ait lui-même assisté à ce phénomène !) n’est pas loin !
Très vite, il m’est apparu que cet animal ne pouvait pas, purement et simplement, disparaitre. Il se véhiculait par un moyen imperceptible à nos yeux… une quatrième dimension ! En faisant un pas de côté, il passait dans… disons un 3-hyperplan du 4-espace dans lequel nous évoluons, faisait ensuite quelques pas dans ce 3-hyperplan et revenait dans notre 3-hyperplan. L’animal était, malheureusement, plutôt hostile et nous avons dû employer la force pour la tenir à l’écart. Nous espérons fortement ne pas l’avoir blessée trop grièvement.
Mais imaginez-vous la puissance de cette information ! Représentez-vous ce que nous pourrions faire en étudiant ces animaux et en parvenant, nous aussi, à nous déplacer dans, à utiliser la quatrième dimension ! Quelle facilité, pour un médecin, de retirer une balle, un éclat d’obus ou une tumeur logée dans un corps, sans même ouvrir le patient !
Et les applications plus… domestiques ! En cuisine : un steak cuit de l’intérieur… saignant à l’extérieur, à point à l’intérieur. Dans les grandes cantines : plus besoin de faire plusieurs grosses marmites, mais une seule énorme marmite suffira, puisqu’on pourra la faire chauffer uniformément…
Et c’est bien évidemment sans compter sur la portée mathématique de tout cela. Je prévois déjà de faire porter ma thèse sur ce sujet. D’autres résultats sur nos recherches en Égypte vous parviendront au plus vite. Je ne contacterai les journaux mathématiques qu’une fois que j’aurai des preuves plus concrètes de ce que j’avance.
Veuillez accepter mes salutations les plus respectueuses,
Franklyn Dakota
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Moi qui voulais écrire à Poincaré, Weil et Dieudonné ! Le premier est mort en 1912 et les deux autres sont nés en 1906, donc sont plus jeunes que mon bonhomme ![/justify]